Le nouvelliste du 12 janvier 2010 .
Saint-Boniface) L'étau se resserre autour de la Corporation de développement communautaire de Saint-Boniface, responsable de la gestion de l'aréna.
En décembre, des membres de ce conseil d'administration auraient découvert entre 20 000 $ et 25 000 $ cachés à divers endroits dans cet édifice. Le trésorier de cette corporation et directeur général de la Municipalité, Jacques Caron, aurait mis l'importante somme d'argent en sécurité dans la chambre forte de l'hôtel de ville avant de la déposer à la caisse populaire le lendemain.
En séance publique, hier soir, plusieurs citoyens ont interpellé les élus pour que la lumière soit faite sur ce dossier. Le mois dernier, un bénévole qui gérait l'aréna depuis son ouverture en 2000 a été invité à rester chez lui dorénavant.
Rappelons qu'à chaque année, la Municipalité versait 50 000 $ à la Corporation de développement communautaire de Saint-Boniface pour l'administration de cet aréna.
Certains conseillers souhaitaient consulter les états financiers avant d'accorder cette subvention, mais à chaque fois, leurs doléances étaient repoussées du revers de la main par la majorité.
Ainsi, Gilles Bellemare, René Ayotte et Jean-Louis Thibault, qui siégeaient à la fois au conseil municipal et au conseil d'administration de la corporation, recevaient toujours l'appui de l'ex-conseillère Nicole Jobin pour obtenir la fameuse subvention.
Tout ce beau monde s'est fait battre aux élections du 1er novembre et le nouveau maire, Claude Caron, assure que la Municipalité ne donnera pas un sou à cette organisation sans la présentation des états financiers. Il l'a répété à plusieurs reprises hier soir, mais certains citoyens veulent aller plus loin.
En avant de la parade, l'ex-conseiller Côme Garceau réclame rien de moins qu'une enquête de la Sûreté du Québec.
Dans un long exposé présenté pendant la période de questions, il a rappelé plusieurs irrégularités soulevées au cours des dernières années. Avec les informations qui circulent depuis un mois, il faut maintenant passer de la parole aux actes, martèle-t-il.
«Les membres du conseil d'administration racontent menteries par-dessus menteries», tonne-t-il. «C'est anormal qu'ils n'aient rien vu depuis toutes ces années! Ce conseil d'administration n'a plus aucune crédibilité.»
Des 1000 $ dans les murs
Roger Allard, un habitué des séances publiques très critique envers l'ancienne administration, n'a pas ménagé sa charge hier soir.
«La population vous a donné un mandat clair et net», a-t-il rappelé aux nouveaux élus. «J'espère que vous allez arrêter de mettre de l'argent là-dedans. C'est la poule aux oeufs d'or! On tire de la tôle et il sort des billets de 1000 $!»
Selon lui, un grand ménage s'impose au sein du conseil d'administration de la Corporation de développement communautaire de Saint-Boniface.
«Moi, je ne respecte pas ces gens-là», laisse tomber M. Allard. «Il serait grand temps qu'ils prennent la porte. On ne veut plus se faire siphonner. Est-ce écrit «stupide» dans le front des citoyens de Saint-Boniface?»
«Ça fait dix ans que Gilles Bellemare et Jacques Caron siège là-dessus», rappelle-t-il. «Ils devraient au moins répondre aux questions! S'ils ont un peu d'honneur, ils devraient donner leur démission. On s'est fait remplir jusque-là!»
Dans la salle, Louise Caron a justement demandé si le conseil d'administration ne pourrait pas venir s'expliquer devant les citoyens éventuellement. Le maire a pris cette suggestion en note.
Évidemment présent à cette séance publique en tant que directeur général de la Municipalité, Jacques Caron recevait les attaques sans broncher. Il est toujours prévu qu'il quitte le conseil d'administration de la corporation au cours des prochaines semaines, à la demande du nouveau conseil municipal.
De son côté, Stéphane Normandin se demande si la Municipalité ne devrait pas prendre les moyens pour qu'elle administre elle-même cet aréna plutôt que de confier la gestion à un conseil d'administration «indépendant et auto-proclamé».
Les élus discuteront de tout cela au cours des prochaines semaines. Au siège 6, Louis Lemay admet que cette publicité négative le dérange, mais qu'il ne peut pas non plus se fermer les yeux.
«Nous prenons cette affaire très au sérieux», commente-t-il. «Il faut respecter le fait qu'il s'agit d'un organisme sans but lucratif, qui possède son conseil d'administration. Mais nous allons prendre nos responsabilités.»
Mar 12 Jan - 10:22